Felicità. Un film sorti le 15 juillet 2020, écrit et réalisé par Bruno Merle. A l’affiche: Pio Marmaï, Camille Rutherford et Rita Merle. Principalement trois acteurs, que nous allons suivre tout au long de ce court film de 1h20.
Quelques mots sur Bruno Merle
En tant que réalisateur, il a deux films à son actif, sortis à 13 ans d’écart. Le premier, Héros, est sorti en 2013, avec Michaël Youn dans le rôle principal. Ce film a eu un succès au Festival de Cannes, mais seulement 8400 entrées en France à sa sortie en salle. Pour résumer, le public est passé à côté de ce film de manière incompréhensible. Quelques hypothèses ont été émises, notamment un scénario trop capillotracté pour s’attirer les faveurs des spectateurs.
Puis, en tant que scénariste, il a continué d’écrire pour d’autres réalisateurs (comme Le Prince oublié de Michel Hazanavicius, sorti en 2020). Dans Felicità, quelques références à Running an Empty de Sidnney Lumet ou encore American Honey de Andrea Arnold sont notables. Cependant Bruno Merle se défend d’une quelconque inspiration.
Sur Internet ou Youtube, si nous recherchons son nom, une seule interview existe : elle a été réalisée par le youtubeur Inthepanda, durant l’été 2020, confirmant la rareté de Bruno Merle dans les supports médiatiques classiques. Nous le retrouvons aujourd’hui avec Felicità, un film merveilleux, qui lui permettra j’espère de recevoir le succès qu’il mérite.
Un film plein de richesses

Si nous devions résumer l’histoire en une phrase: c’est la fin de l’été. Une petite fille, Tommy, veut pour une fois arriver à l’heure pour la rentrée scolaire, alors que ses parents, Chloé et Tim, vivent au jour le jour. A partir de ce constat, nous allons les suivre dans leur quotidien loin de la normalité (que ce soit dans leur manière de vivre, ou dans leur manière d’amener Tommy à grandir) : l’histoire d’une famille hors du temps, à la fois touchante et attachante.
Nous retrouvons dans ce film différentes thématiques, et notamment celle du rêve. Elle est amenée principalement par la jeune fille, avec l’apparition récurrente d’un personnage d’astronaute, lorsqu’elle s’évade dans ses pensées. Tommy représente l’enfance dans ce qu’elle a de plus beau et intriguant. La manière qu’elle a de s’échapper, le besoin qu’elle a de s’isoler… Le réalisateur a décidé de nous le faire comprendre en introduisant des silences, pour nous faire ressentir au mieux les mêmes émotions que Tommy. Nous rentrons dans son univers, et découvrons un monde imaginaire plein de sens.
Son besoin de s’évader peut se justifier si nous nous concentrons sur les relations familiales. En effet, ces dernières sont loin des conventions. On constate sans mal que Chloé et Tim aiment leur fille, malgré une forte maladresse et immoralité dans leur manière d’éduquer et de se comporter envers elle. Ce schéma familial hors du commun peut sembler loin de celui que connaissent les spectateurs. Mais des scènes plus universelles, quelques instants de rassemblement, résonnent en chacun d’entre nous. Les acteurs ont su montrer des attaches pleines de douceur, tout en insistant sur l’imperfection du mode de vie de leurs personnages.
L’immoralité, ou l’absence de codes conventionnels, a la part belle dans ce film : on comprend assez vite qu’ils n’ont pas réellement de maison, profitent de certaines situations dans le mépris le plus total d’une quelconque éthique, et laissent leur fille seule, face à des choix qui ne devraient même pas exister à son âge. Ce film représente un réel contraste entre son caractère poétique, et les actions crues à la morale questionnable de ses personnages.
Un casting surprenant et prometteur

Il est impensable de ne pas évoquer un casting harmonieux : Pio Marmaï dans le rôle du père rayonne, déploie une énergie folle. Sa relation avec Camille Rutherford, la mère, fonctionne à merveille, tout comme sa relation avec Rita Merle, la fille.
Cette dernière est la fille du réalisateur, née pendant le tournage de Héros. Bruno Merle indique dans son interview que le récit est dirigé par la jeune fille, et cela se voit. A seulement 13 ans, Rita Merle joue divinement bien, et donne la réplique comme les plus grands. Le trio principal ne fait aucune fausse note.
Un film qui mérite de trouver son public
Pour résumer, Felicità est un film sensoriel et vivant, tout en étant poétique et attendrissant. Avec une dimension onirique tout au long du récit, nous suivons l’histoire de la jeune Tommy qui ne perdra pas de vue son principal objectif: arriver à l’heure à la rentrée. La critique française catégorise ce film dans la comédie dramatique, mais s’inscrit par bien des aspects dans la lignée des road movies.
Même vous, réticent aux comédies dramatiques, ce film peut vous satisfaire. La tension et le suspense sont bien présents, de quoi nous maintenir en haleine. Si l’intrigue principale peut sembler assez simpliste, des rebondissements inattendus se joignent à la danse, ce qui donne un intérêt supérieur au récit. Il se pourrait qu’un imprévu arrive, comme par exemple une potentielle disparition, ou encore une éventuelle dispute volant aux éclats…
J’ai passé un délicieux moment entre tension, joie et tristesse. Ce film m’a captivée, et j’en suis ressortie à la fois émerveillée et confuse, selon le point de vue choisi. Regardez Félicità à travers les yeux d’un enfant, et nul doute que vous serez porté par la compassion qu’inspire ce long-métrage. Ou au contraire, gardez sur le film le regard d’un adulte, et l’intrigue vous paraîtra toute autre. A vous de choisir.
Ce film ne doit pas se perdre dans les fonds du cinéma français. Il mérite d’être reconnu à sa juste valeur. Alors, si vous aimez les scénarios imprévisibles et les histoires de famille hors de la normalité, ne ratez pas Felicità de Bruno Merle.
Si le parcours de Bruno Merle vous intéresse, je vous invite à regarder l’interview réalisée par Inthepanda, disponible sur Youtube:
Etudiante en première année à l'ISCPA dans la filière Image&Co. Je suis passionnée par le cinéma et la musique, et intéressée par le domaine de la production audiovisuelle et événementielle.