Durant les années 60, alors que la Seconde Guerre Mondiale est terminée depuis peu, les Etats Unis font face à de nombreuses violences : en effet, la guerre du Vietnam, la situation très tendue avec l’URSS, et la formation du Ku Klux Klan apportent de nombreuses inquiétudes dans la population. En 1960, les mœurs américains restent très conventionnels : soumission au pouvoir, « american way of life », ségrégation raciale… Le modèle américain réside dans le mode de vie de cadres blancs vivant dans de confortables pavillons de banlieue, avec des enfants qui jouent dans les rues bordées de pelouse. C’est dans ce contexte que les enfants nés du baby boom des années 50 décident de lutter pacifiquement contre ces violences.
Le pacifisme, mot d’ordre du mouvement

Les hippies rejettent le mode de vie de la société, et donc la violence qui en découle. Ils décident alors de combattre la guerre par la paix. Pour cela, ils manifestent en faisant des « sitting », ce qui consiste uniquement à se réunir et à s’asseoir en mettant des fleurs sur les armes des soldats. C’est le « flower power », qui consiste également à porter des fleurs dans les cheveux. Les hippies furent alors appelés « les enfants-fleurs ».« Peace and Love » (« paix et amour »), est l’expression pacifique hippie des années 60. Un autre slogan, issu de la guerre du Vietnam, « Make lov,e not war » (« Faites l’amour pas la guerre ») a été repris par le mouvement. L’ensemble de ces expressions cherchaient à traduire une opposition à la guerre et à la violence en général.

Un nouvel art de vivre
Les hippies prônent un nouvel art de vivre, basé sur les libertés orientales et la liberté sous toutes ces formes : cheveux longs, vêtements dans un style bohème, nudité des corps, liberté de l’amour, consommation de cannabis et diverses drogues illégales, et surtou,t un refus du mode de vie et des codes instaurés par la société américaine.
Afin de lutter contre la pollution et après de nombreuses manifestations, de nombreux hippies décident alors de quitter complètement le mode de vie instauré, et de partir vivre dans la nature. Ce retour à la terre amenait l’idée d’un plus grand respect de la planète, incluant l’utilisation de produits bio, d’énergies renouvelables, et le recyclage. Ils sont finalement précurseur du mouvement écologique d’aujourd’hui.

La liberté sexuelle fait partie intégrante de l’« utopie hippie », grâce à la progressive légalisation de la pilule contraceptive et de l’avortement. Les hippies, qui vivaient dans des communautés, avaient alors des pratiques sexuelles diverses, avec différentes personnes, ce qui s’oppose totalement au mariage traditionnel. Le mot d’ordre était « free love » : chacun était libre de s’aimer et d’avoir des relations sexuelles, sans qu’il y ait de jugement. Les hippies désacralisent le plaisir sexuel et en font même la promotion. Ce sont d’ailleurs les premiers à considérer les relations sexuelles entre deux personnes du même sexe comme une expérimentation plutôt que le tabou que la société persiste à en faire.
Les psychotropes, la porte vers un autre monde
La communauté des hippies était aussi très connue pour leur usage massif de drogues, douces mais également dures. En effet, c’est durant les années 60 que l’achat et la consommation de LSD était la plus forte. En fait, les drogues faisaient partie intégrante du mode de vie hippie. Au début du mouvement, la drogue la plus consommée était la marijuana, mais qui fût très vite dépassée par le LSD, popularisé par le docteur Tim Leary : certains jeunes le voyaient comme leur « gourou », et appréciaient particulièrement sa philosophie de vie, qui était : « Turn on, turn in, drop out… », ce qui signifie que l’on doit s’ouvrir sur le monde, s’accorder aux vibrations spirituelles et se détacher du système. D’après leur communauté, les drogues psychédéliques leur ouvrait une porte vers un autre monde, le monde dont ils rêvaient et qu’ils essayaient de construire à travers leur mouvement. Les drogues étaient donc pour eux un échappatoire à une société qui ne partageait pas leurs valeurs.
Cependant, leur usage massif de psychotropes a eu pour conséquences de nombreux cas d’addiction chez les jeunes. Voici le témoignage de Judy, un jeune hippie lors d’un examen neuro-psychologique : « Je n’entend plus rien, tout juste les battements de mon cœur amplifiés des millions de fois : Rom-bom, Rom-bom, Rom-bom… Je suis perdue à l’intérieur de moi-même. Je sens monter en moi une colonne d’énergie comme une flamme géante qui me réchauffe. Oublie ton ego … Saloperie d’ego, tu es toujours là à m’empoisonner… Respire, concentre-toi ! » On peut voir dans ce témoignage les dégâts du LSD chez cet homme, qui paraît perdu dans la réalité et dans le temps, et qui semble même devenir fou. Certains abus ont parfois conduit à la mort : ce fût le cas de trois artistes très représentatifs du mouvement hippie ; Janis Joplin, Jimmy Hendrix, et Jim Morisson.
Une nouvelle culture
En rébellion contre la société dans laquelle ils vivent, ces jeunes inventent et mettent en place une nouvelle culture et des nouvelles modes. En effet, ils commencent par adopter un tout nouveau style vestimentaire : tenues très colorées, tuniques indiennes aux motifs fleuris, vêtements larges, Tie and dye, ou encore fleurs dans les cheveux. Le but était de se distinguer le plus possible des normes de la société, avec des tenues inhabituelles et choquantes. Certains décidaient même de ne rien porter, afin d’être encore plus en décalage. Ils avaient également les cheveux longs, hommes comme femmes, pour dénoncer la guerre du Viêt Nam, durant laquelle les soldats avaient tous le crâne rasé.

Le phénomène hippie fût également une période d’expérimentation musicale et de créativité. La musique représentait un élément capital pour ce mouvement, c’est pourquoi plusieurs festivals ont été organisé afin de lui rendre hommage : le festival Woodstock, qui a accueil un demi-million de personnes en 1969, reste un des plus grands moments de l’histoire de la musique populaire et a été classé parmi les « 50 moments qui ont changé l’histoire du rock-and-roll ». Il a rassemblé de nombreux musiciens célèbres à l’époque, comme Jimi Hendrix, Santana, Richie Heavens, ou encore Joe Cocker. Les groupes appréciés par les hippies avaient surtout des influences rock et blues, avec des paroles plutôt simplistes et sentimentales. Ce style de musique avait la particularité d’être plus libre, avec des morceaux plus longs qui laissent une plus grande place à l’improvisation. Les morceaux abordent des thèmes comme l’utopie, le militantisme, ou encore la politique. Le mouvement est également influencé par des stars internationales, comme Bob Dylan, ou encore les Beatles.

La musique représente bien le mouvement par sa diversité, sa volonté de s’ouvrir aux autres et aux différentes cultures et surtout par son dépassement des règles.
Le déclin du mouvement
Après son apogée et sa propagation dans toute l’Europe, le mouvement connaît un grand déclin, notamment à cause de plusieurs morts causées par les drogues. La liste noire commence avec Jimi Hendrix, retrouvé mort chez lui à cause d’un mélange d’alcool, de drogues, et de somnifères. Quelques semaines plus tard, huit personnes vont faire les frais d’un dealeur ayant mal dosé son héroïne : parmi ces victimes se trouve Janis Joplin, qui sera retrouvée morte d’une overdose le lendemain. L’année suivante, c’est au tour de Jim Morrison d’abuser des drogues dures : un soir, dans un club, il sniffe plusieurs lignes de cocaïne avant de s’effondrer et de ne plus jamais se relever. La prise de drogue commence donc à inquiéter le mouvement.
Ce déclin s’aggrave avec Charles Manson et sa tuerie, la nuit du 9 août 1969.
Charles Manson se proclamait dirigeant d’une communauté hippie appelée « Manson Family », dans laquelle il se présente comme la réincarnation du Christ. Cette « famille » vivait de vols et de trafics de drogues, tandis que les femmes étaient pour la plupart utilisées comme esclaves sexuelles. Le 9 août 1969, plusieurs membres de la « Manson Family » pénètrent dans la maison de Roman Polanski, absent au moment des faits, dans le but de venger Manson du producteur Terry Melcher, qui avait déménagé quelques semaines plus tôt. Ils sectionnent alors tous les câbles de téléphone de la villa, occupée par Sharon Tate, la femme de Roman Polanski, enceinte de 8 mois, et quelques amis à elle. Ils seront tous abattus sauvagement, et le mot « Pig » est écrit sur la porte avec le sang de Sharon Tate. Le jugement de la famille Manson sera le plus long et le plus coûteux de l’histoire judiciaire des Etats Unis. Charles Manson, bien qu’il n’était pas présent au moment des faits, est déclaré coupable le 25 janvier 1971 pour avoir dirigé les faits, et est condamné à la prison a perpétuité.
La chute du mouvement est également due à des morts symboliques : la séparation des Beatles, en 1970, crée la consternation chez les fans, qui les voyaient comme les représentants de la musique rock. Le mouvement de paix contre la guerre au Vietnâm s’essouffle lui aussi, les hippies ne consacrent plus autant d’importance à ce combat. Peu à peu, le rêve qu’offrait le mode de vie hippie se dissipe. Ce déclin crée des désillusions terribles : les jeunes se réveillent comme s’il sortaient d’un mauvais rêve. Certains décident de finalement rejoindre la société contre laquelle ils ont lutté pendant plusieurs années, tandis que d’autres restent fidèles aux idéaux de leur jeunesse, en vivant à travers la musique, l’agriculture biologique, ou encore la pratique des médecines douces.
En conclusion, la période hippie a été un moment d’expérimentation pour la jeunesse, que se soit au niveau politique, musical, psychédélique ou encore vestimentaire. Cette expérience a montré qu’il est possible de changer radicalement de mode vie, et de sortir de cette société de consommation. Néanmoins, elle a tout de même eu pour conséquences une grande augmentation de la consommation de drogues chez les jeunes. Le mouvement hippie a, en quelque sorte, créé un monde parallèle, un échappatoire à la société pour les jeunes, qui se sont malheureusement retrouvés sans emploi ni argent lorsque le mouvement a pris fin. On se demande alors, s’il serait possible aujourd’hui, avec les nouvelles technologies et avancées depuis les années 60, qui créent un besoin de confort encore plus fort, d’adopter ce mode de vie écologiste et égalitaire.
