« MA GRAND-MÈRE M’A OFFERT CE PULL, MALHEUREUSEMENT, ELLE NE CONNAÎT PAS LES TENDANCES DE NOS JOURS. IL NE ME PLAIT PAS DONC AU LIEU DE LE LAISSER PLIÉ, SANS UTILITÉ, JE PENSE LE REVENDRE, POUR M’EN ACHETER UN AUTRE, PLUS À MON GOÛT »
Le 24 décembre a lieu la fête la plus célébrée : Noël. C’est le monde entier qui se réunit en famille pour s’échanger leurs cadeaux. Pourtant certains sont toujours déçus par leurs présents. Le 25 décembre 2019 à midi, plus de 500 000 annonces ont été déposées sur le site de Rakuten.

La revente des cadeaux de Noël : un marché de plus de 300 millions d’euros. Derrière la magie de Noël, le plaisir de voir ses proches ou encore les repas sans fin, les cadeaux de Noël sont un vrai casse tête pour les personnes les moins inspirées. Il faut réussir à faire plaisir à ses proches, ou même à des personnes plus éloignées de votre cercle d’amis. On peut choisir la facilité, avec des cadeaux comme une Wonderbox, qui permet de choisir parmi un panel d’activités, par exemple. Les moins téméraires offriront de l’argent, ou encore un cadeau demandé par l’individu, tandis que certains n’hésiteront pas à s’aventurer. Vous êtes-vous déjà questionné sur le comportement de la personne en face de vous lorsque vous lui offrez un cadeau? Lorsque cette réaction de fausse joie apparaît sur le visage du détenteur du cadeau ? Votre cadeau ne lui plait peut-être pas ? Selon une étude réalisée par OpinionWay, environ une personne sur deux a déjà revendu un cadeau. Alors, que faire lorsqu’un cadeau de Noël ne satisfait pas ? Certaines personnes laisseront croupir le cadeau mal aimé dans une armoire, tandis que d’autres n’hésiteront pas à le revendre. Une pratique qui se démocratise, alors que, à douze heures tapantes, Rakuten comptait « plus de 500.000 annonces déposées. En définitive, c’est l’équivalent de la ville de Lyon qui vend l’entièreté de ses cadeaux (515 000 habitants). On dénombre 200 000 petites annonces de plus que l’an dernier », selon Alison Boutoille, directrice marketing, qui prévoyait plus d’un million d’annonces à la fin de la journée.
Noël, une fête commerciale
Noël est devenu une fête commerciale, malgré son origine venant de la religion chrétienne, puisqu’elle est censée représenter la naissance de Jésus. Se sont depuis ajoutées, au fur et à mesure, des traditions, comme servir une bûche de Noël, qui est une référence au fait de mettre dans le feu une grosse bûche, au début de la soirée du 24 décembre ; le majestueux sapin vert et lumineux, apparu en Alsace en 1521, sous lequel les Alsaciens déposaient leurs cadeaux ; enfin, se basant sur la légende de Saint Nicolas, le Père Noël a été inventé en 1860 par un illustrateur new-yorkais. Malgré tout, c’est en décembre 1931 que l’illustrateur Haddon Sundblom crée pour Coca-Cola l’image joviale et la tunique rouge du Père Noël, tel qu’on le connait actuellement. Il fait rêver les enfants en apparaissant le 24 décembre dans toutes les cheminées, afin d’y déposer des cadeaux. Malgré les tentatives pour prendre en flagrant délit, aucun enfant n’aurait encore réussi à l’apercevoir.

À la suite des Trente Glorieuses, la société de consommation s’est rapidement installée, et a totalement transformé la magie de Noël en une véritable guerre aux jouets. Afin d’augmenter les ventes, nombreuses sont les marques qui se sont associées aux fêtes d’hiver. Elles profitent de la magie de Noël comme alibi, pour pouvoir agrandir leur chiffre d’affaires.
Un sentiment de mécontentement chez les Français
Le budget moyen des Français pour leurs cadeaux de Noël était de 355€ en 2019 (environ une Nintendo Switch), un budget en baisse de 15€ par rapport à 2018. Malgré ces efforts, et cette somme monstrueuse dépensée en moyenne par les Français, selon une étude Kantar TNS pour Ebay, 28 % des Français disent avoir reçu un cadeau non désiré pour Noël, tandis qu’ environ un Français sur cinq vend ou donne son présent reçu pour Noël. La revente des cadeaux se démocratise, d’autant plus avec l’arrivée d’Internet. Des sites tels que Rakuten, Paruvendu, Leboncoin ou encore Troc de Cadeaux émergent lors de la période hivernale. Ebay attend par exemple jusqu’à 3 millions d’annonces pour le 3 janvier, soit 13 % de plus qu’en 2017. Un chiffre en augmentation constante chaque année, comme si les individus devenaient de moins en moins heureux de leurs présents. Quelles sont les raisons qui poussent les Français à revendre leurs cadeaux de Noël ?

La véritable cause de la revente des cadeaux de noël
Les causes de la revente sont la plupart du temps une erreur sur le cadeau, malgré l’intention généralement bonne. Une étude pouvant faire sourire démontre qu’un Français sur dix trouve que ce sont les beaux parents qui offrent les pires cadeaux. Mais alors que faire d’un cadeau qui ne vous satisfait pas ? La nouvelle génération ne se cache plus, et la revente d’un cadeau qui ne convient pas devient banale. La seconde main se démocratise dans un monde où l’écologie revient souvent au centre du débat. Les jeunes ne souhaitent plus gâcher et détruire la société de consommation. Au lieu de laisser vieillir un cadeau dans un placard, autant faire un heureux, qui souhaitera reprendre ce cadeau contre un rabais de quelques pourcents. Cela permet de ne pas jeter, par conséquent de ne pas polluer et de faire plaisir quelqu’un. Marion Bizet, community manager chez Rakuten, confie que 26 % sont contre le fait de jeter leurs présents, donc pourquoi s’en priver ?
Selon la psychologue Nathalie Noachovitch, la croissance de ce marché de la « seconde main » s’est développée par conscience écologique. Elle explique également que « c’est propre aux nouvelles générations, ils ne veulent pas s’encombrer avec des vieilleries ».
Argument que soutient Marion Bizet : « Noël prouve une réelle tendance quant au souci de ne pas surconsommer ».
Ce phénomène touche toutes les populations mondiales et c’est au Canada qu’on attribue en premier un nom à ce phénomène : les Canadiens parlent de « simplicité volontaire ». « Cela représente le refus de posséder des choses inutiles ou que l’on détient déjà », explique Pascale Hébel, directrice du pôle consommation du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). Ce mouvement dénonce la surconsommation et parvient même à déculpabiliser ceux qui étaient gênés à l’idée de devoir revendre des cadeaux qui ne convenaient pas.
La seconde cause est économique. La revente d’un cadeau rapporte de l’argent, sans surprise évidemment. Selon une étude Kantar TNS, 40 % des personnes interrogées utilisent l’argent afin de racheter autre chose. Les autres désirent le garder (42 % des hommes contre 38 % de femmes) ou envisagent de s’en servir pour rembourser les dépenses de Noël (31 % des femmes contre 19 % des hommes). Marion Bizet le résume ainsi : « ils économisent, achètent un produit dont ils ont réellement besoin, se remboursent des frais liés à Noël… »
Lors de notre interview avec le site Internet Troc de Cadeaux (un site proposant le troc ou la revente de cadeaux), Guillaume Bouterige, community manager du site, nous a confié que « peu d’utilisateurs optent pour le troc, préférant récupérer une certaine somme d’argent pour s’offrir autre chose ».

Les cinq personnes que nous avons interrogées nous ont confié que l’argent reçu par la revente de cadeaux servirait pour racheter quelque chose qui leur plaisait plus (2/5) ou encore afin d’épargner l’argent collecté grâce à la seconde main (3/5).
Mais chaque individu ayant déjà procédé à la revente de leur cadeau explique avant tout que la revente de leur cadeau n’est pas un plaisir, mais un souhait de ne pas vouloir gâcher. Comme l’explique Léo, faisant partie des 14 % qui préfèrent s’acheter un cadeau qui leur fait vraiment plaisir : « Ma grand-mère m’a offert un sweat, malheureusement elle ne connaît pas les tendances de nos jours. Il ne me plait pas donc au lieu de le laisser plié, sans utilité, je pense le revendre, pour m’en acheter un autre, plus à mon goût ».
D’un point de vue économique
La vente d’occasion a pris un essor monstrueux lors de la crise économique de 2008. L’économiste Pascale Hébel déplore que les premiers à s’être intéressés au mouvement étaient les plus démunis. Cela leur permettait de continuer à consommer.
Grâce à ce phénomène, le marché de l’occasion se porte très bien. En 2018, il s’élevait à 7 milliards d’euros (environ 42 avions de ligne), selon une étude Xerfi. On peut citer Leboncoin, qui est le premier site de revente de seconde main : avec plus de 28 millions d’utilisateurs par mois, le site internet a multiplié son chiffre d’affaires par 9 depuis 2010. « La seconde main » prend une ampleur sans précédent dans la vente de vêtement, en sachant que le prêt à porter est un désastre environnemental.
Tandis que la mode des friperies a vu le jour il y a quelques années, désormais, c’est la friperie en ligne qui séduit. L’application Vinted a saisi le marché et a réussi a lever plus de 128 millions d’euros en novembre 2019.
« De nos jours, le secteur de la seconde main a créé de multiples offres d’emplois, surtout dans le milieu du transport », nous explique Sandrine Escudie, professeure d’économie à La Sorbonne. Elle évoque aussi le fait que « l’économie se relance, les échanges entre particuliers se font grâce à un rabais, ce qui permet à des ménages de s’offrir des objets qu’ils n’auraient pas pu acheter. Ils consomment, donc participent plus à l’économie. Malgré les externalités négatives, à cause de la pollution des transports des colis, on rentre tout de même dans une économie circulaire ».
Est-ce qu’un sentiment de honte s’installe chez les revendeurs ?
Le fait de se servir d’un cadeau qui ne nous plaît pas, à des fins personnelles, peut sembler mal placé pour certains. Cela peut pousser au sentiment de honte, voire de dégoût de soi-même. En définitive, revendre un cadeau offert de bon cœur est perçu comme irrespectueux.
Mais l’acte de revendre ses présents se démocratise et dédramatise. « [Les gens] assument de plus en plus de procéder à cette action », nous confirme Guillaume Bouterige : « Le fait de venir déposer son annonce montre au contraire que le geste est assumé, même s’il est encore mal vu (et je le comprends) de revendre un cadeau que l’on nous a offert ».
Selon Marion Bizet, « notre étude réalisée avec OpinionWay, [montre que] seul 19 % des Français seraient prêts à avouer avoir revendu leur cadeau à la personne qui le leur a offert ».
Le cadeau devient moins symbolique et les personnes attachent moins de valeur à celui-ci. Il est davantage représenté comme une attention, que comme un réel don de soi. Par conséquent, le phénomène de revente éclate au grand jour, et s’accentue sans gêne d’année en année.
Qui sont les grands perdants de ce phénomène ?
L’étude Kantar pour Ebay évoque le fait que ce sont particulièrement les jeunes qui sont déçus par leurs présents. Tandis que les 55-64 ans se disent satisfaits de l’entièreté de leurs cadeaux, les 16-24 ont été déçus par deux offrandes en moyenne à Noël. Nathalie Noachovitch, psychologue, s’exprime en dénonçant la société de surconsommation, qui créerait ce type de comportement « de personne rarement satisfaite ». Cela explique pourquoi les plus jeunes seraient plus complexes à séduire dans l’offre d’un cadeau, à la différence des générations antérieures, qui n’étaient pas aussi gâtées.
On apprend que ce sont les Femmes qui sont le plus aptes à revendre leurs présents, avec 36 % contre 32 % pour les Hommes.

Les cadeaux les plus revendus
Les plus grosses reventes dépendent du marketing placé sur l’objet. Plus il est convoité, plus il sera simple à revendre. Par exemple, les objets high-tech sont très recherchés. En effet, sur Leboncoin, la catégorie en nette hausse après Noël est celle des téléphones. Les personnes ayant reçu un nouveau téléphone n’hésitent pas à mettre en vente leur ancien mobile, le lendemain du réveillon. Les casques audio, ordinateurs ou encore montres connectées ne sont pas en reste.
Les plus grosses reventes dépendent aussi de la mode du moment, et des derniers CD, albums, livres ou BD sortis lors des périodes hivernales, comme par exemple, le nouvel album de Renaud, sorti en novembre dernier.
Les présents en ligne pour enfants sont souvent des Legos, des Playmobil, des jeux vidéos ou de société.

Les astuces et conseils afin de revendre ses cadeaux de Noël
Il est conseillé de ne surtout pas enlever l’emballage : laissez le produit indésirable dans son plastique, il gardera son authenticité. Il sera alors beaucoup plus attractif à la revente, comme pour les parfums ou encore les jeux vidéo. Point très important qu’il faut mettre à l’honneur : il faut de belles photos pleines de lumière. Elles doivent être prises sous tous les angles, montrant chaque détail de l’objet. Ensuite, un descriptif détaillé est obligatoire afin de mettre en confiance son acheteur. A savoir que les heures les plus propices de mise en vente s’enregistrent entre 18h et 20h, lorsque les personnes rentrent du travail et sont dans les transports. Énormément d’individus procèdent à leurs achats durant ce laps de temps. Trouver le juste prix est primordial, on peut établir des rabais allant de 20 % à 30 %, ce qui permettra de revendre le cadeau au plus vite.
Si vous êtes très impatient, et que vous souhaitez que tout le monde voit votre article en premier, pas de souci, les sites tels que Vinted proposent des Boost. Ils permettent à votre article d’être mis en avant, et par conséquent d’être vu par le plus grand nombre. Seul désavantage, il s’exécute contre un échange monétaire au site.
Les sites de revente n’hésitent pas à vous faciliter la tâche. Rakuten a mis en place une plateforme dédiée, afin de déposer son annonce en quelques clics grâce à la référence du produit, ou au scan du code-barre.
Le géant américain Ebay propose à ses utilisateurs cinq ventes gratuites (sans frais de vente, ni commission). Ce processus fonctionnant à la suite des fêtes de Noël, il influence plus de 170 millions d’utilisateurs de Ebay, qui sont plus enclins à déposer leur annonce sur cette plateforme. L’argument de vente est la gratuité, un style de marketing souvent repris notamment par Amazon. La gratuité attire.

Faire des bonnes affaires
Les sites de revente de cadeaux le lendemain de Noël sont une vraie mine d’or. En effet, les remises sur des articles neufs vont de 20 % à 30 %. Autant en profiter, avant que toutes les bonnes affaires trouvent preneur. Malheureusement, il faut se méfier des annonces trop belles : souvent, elles cachent des arnaques, et si vous ne sentez pas le feeling avec le vendeur, faites vous confiance et méfiez-vous. Une arnaque arrive très vite sur ce genre de site Internet.
Voici quelques sites internet pour revendre ses cadeaux de Noël
A savoir
Pour les plus généreux, il y a toujours la possibilité de donner, à l’image du rassemblement au musée Parisien du Quai Branly-Jacques Chirac. Cette collecte de jeux est à destination des enfants de réfugiés, en partenariat avec l’ONU.