Ibrahim Maalouf : une multitude de…

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Source:Flickr

Le prénom Ibrahim est un prénom arabe et musulman, dérivé d’Abraham, dont la racine hébraïque signifie « père d’une multitude ». Et si Ibrahim Maalouf était lui-même une multitude, de laquelle parlerait-on ?

Ibrahim Maalouf nait à Beyrouth au Liban, le 5 novembre 1980, d’un père trompettiste et d’une mère pianiste. Il grandit dans un milieu intellectuel et artistique, où l’art sous toutes ses formes occupe une place de choix, et s’est transmis de génération en génération.

Son pays de naissance, le Liban, vit, depuis le 13 avril 1975, une guerre civile qui met le pays dans un état de choc, obligeant la famille Maalouf à fuir cette insécurité permanente. Avec ses parents et sa sœur ainée, Ibrahim atterrit en France, dans une banlieue parisienne qui deviendra, pour lui, le lieu, la scène de ses expériences et de son épanouissement d’enfant.

C’est à sept ans que l’instrument de musique s’immiscera dans sa vie : ce sera la trompette. Il bénéficie de la transmission musicale de son père, de sa mère, et de l’ensemble de cet univers familial qui explore le baroque, le classique, le moderne, le contemporain. Il s’enrichira de ses origines, en visitant le répertoire classique de la musique orientale. La trompette et lui, maintenant, ne forment qu’un.

C’est à douze ans, de retour d’un voyage au Liban, sa terre natale, qu’il sera inspiré et qu’il composera son premier morceau, qui deviendra son « titre fétiche » : Beirut.

A l’adolescence, il participera à de nombreux concours internationaux, qui lui permettront de voyager dans le monde entier, de gagner de nombreux prix, de démarrer une carrière de soliste, et de mettre en évidence le métissage des genres. Sa singularité sera très vite remarquée : il dynamise, il colore, il fait vivre la musique avec ses improvisations. Rapidement, à l’âge de quinze ans, le monde de la musique est « à ses pieds », tout le monde se l’arrache. Il commence à approcher les plus grands dans le domaine de la pop, du jazz, des « musiques du monde »…

Hésitant encore entre des études d’architecture ou des études musicales, il finira par assoir son choix, et la multitude de notes l’emportera.

Tout devient possible !

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Débute alors un long parcours international où Ibrahim Maalouf, accompagné de sa trompette, s’enrichit de nouveaux répertoires musicaux, et découvre de nouvelles cultures, des techniques encore inexplorées. Il aiguise encore davantage sa curiosité.

Plus fort en maturité, en confiance en lui, en bagages artistiques, il reviendra sur scène, non pas en tant que trompettiste soliste, mais à la tête de son premier groupe, « Farah ». En accord, entre eux le projet avortera après plusieurs essais studio et aucun album ne verra le jour.

Malgré une reconnaissance et un succès internationaux, il faudra attendre le cinquième album pour que le grand public l’adopte enfin. En effet, il reçoit la Victoire de la Musique du meilleur album de musiques du monde le 14 février 2014, jusqu’alors jamais décerné a un instrumentiste. Le monde du jazz critique sa démarche, trop commerciale, et le traite de mauvais musicien.

La profession, quant à elle, lui déroule enfin le tapis rouge, il saisit les opportunités qui s’ouvrent à lui pour mettre en lumière son instrument, la trompette, transmettre son savoir émotionnel autour de sa culture et participer à de nombreuses collaborations avec des artistes engagés, afin de faire passer un message d’universalité de la musique, l’importance du métissage et de l’ouverture humaine. Sting, Salif Keita, Amadou & Mariam, Tryo, Matthieu Chédid, Lhasa de Sela, Grand corps malade s’entourent de son talent. Tout ce petit monde croit en lui, notamment le célèbre producteur américain, Quincy Jones, qui garde sur lui un œil protecteur et moteur.

Pendant de nombreuses années, il est un véritable couteau suisse, alternant entre sa casquette de producteur, d’arrangeur et de compositeur, tant pour lui que pour la multitude d’artistes avec lesquels il collabore. Même le monde cinématographique fera appel à ses talents, puisqu’il signe trois bandes originales de films qui rencontreront encore un succès international (« Red Rose », « La Vache » et « Vers la lumière »). 

Malgré cette reconnaissance inter-planétaire, il ne perd pas le lien avec l’enseignement de la trompette, continue de dispenser des cours au conservatoire de musique, et « se paye le luxe » de sortir en parallèle son onzième album studio, « S3NS », sorti en septembre 2019. Il explique lors d’une interview : « Cet album est un véritable questionnement sur le sens de nos vies, et j’y invite les discours d’Obama ou d’Allende pour l’espoir qu’ils peuvent insuffler ». Un an plus tard, à l’aube de ses quarante ans, Ibrahim Maalouf dévoile son douzième album, nommé « 40 mélodies ».

Il dit de son parcours : « L’introspection viendra peut-être plus tard. J’ai la chance d’être né dans un pays où il faut toujours rebondir ! Pendant ma naissance au Liban, l’hôpital était bombardé, et on a dû être évacués en urgence. Je me suis donc construit à partir de cette naissance. Alors quand la moitié du monde du jazz a critiqué mon travail en disant que j’étais un ‘escroc de la musique’, j’ai continué à jouer ! Chaque projet est comme une naissance ou une renaissance. »

Ibrahim Maalouf est donc une multitude… de talents !

Maintenant, profitez de ce morceau de douceur et d’évasion en écoutant son célèbre titre « S3NS ».

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Étudiante motivée et pleine d'envie, passionnée par le monde de la musique, je suis actuellement en 1 ère année de communication et production à ISCPA, dans le but d'acquérir un Bachelor en production.
Pour moi, chaque artiste, chaque musique émet des émotions particulières. Ces émotions doivent être mise en valeur et chaque intervenant professionnel permet et aide à celle-ci. C’est ce qui me fait vibrer et me donne l'envie de partager, de transmettre toute l'énergie qu'elle peut contenir.

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