La collapsologie : se préparer pour la fin du monde

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2020 : cette année que personne n’oubliera. Jamais l’humanité n’avait connu un tel événement : près de quatre milliards de personnes se sont retrouvées placées en confinement. Une période troublante, qui a permis l’émergence de plusieurs courants de pensée, dont un encore peu connu : la collapsologie.

Loin d’être un mot sorti tout droit d’un livre de science-fiction, la collapsologie est un mouvement bien réel. Le terme « Collaps » signifie en anglais : effondrement, ce qui la définit littéralement comme la science de l’effondrement. On entend ici par « effondrement », la fin de notre manière de vivre dans le monde actuel, de notre civilisation.

Absurde ? Pas forcément. La Terre étant confrontée de manière accélérée et régulière à des phénomènes ou événements tous plus extrêmes les uns des autres, nous nous rendons compte que notre mode de vie n’est pas viable sur le long terme. De même, à mesure que le monde se confinait et qu’on se battait pour du papier toilette au supermarché, il devenait difficile de ne pas y voir les premiers signes de ce fameux effondrement. Cette crise mondiale, nous a fait nous demander si nous étions réellement préparés à vivre ce genre de situation extrêmes.

En quoi consiste la collapsologie ?

Cette idée de « fin du monde », on la connait bien. Dans les années 60, c’étaient les groupes hippies qui annonçaient la fin d’un monde pour laisser place à un autre. La seule différence est qu’actuellement, ce sont des scientifiques, des philosophes et des économistes qui se sont penchés sur la question.

Néanmoins, la collapsologie n’est pas une science à part entière, c’est un courant de pensée qui vise à rassembler les conclusions de plusieurs disciplines scientifiques comme la biologie, la climatologie, les sciences de l’énergie ou même l’économie.

C’est l’ingénieur agronome Pablo Servigne qui a popularisé ce terme, il y a cinq ans, en publiant avec son collègue Raphaël Stevens le livre : Comment tout peut s’effondrer : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes. Depuis, la collapsologie a fait beaucoup parler d’elle, notamment en France.

Une idée pas si folle

Pour certain c’est tout un mode de vie qui va s’écrouler, et c’est pourquoi il faut commencer à en penser un autre. Selon, eux la fin est déjà en marche et et prônent des scénarios pas franchement optimistes…

Et pour cause : aujourd’hui, la Terre vit, en quelque sorte, à crédit. En seulement 7, mois on a consommé toutes les ressources que la planète pouvait produire en un an. De même, nous vivons dans une époque, où en plus des crises politiques et économiques et les problèmes environnementaux se multiplient. Tous ces problèmes prennent une telle ampleur que, pour ceux qui croient à la théorie de l’effondrement, la fin du monde est belle et bien proche.

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L’un des principes importants de cette pensée c’est donc que l’homme est à l’origine de sa propre fin à cause de son activité.

La collaspologie : pas forcément une mauvaise chose

Beaucoup de ceux qui soutiennent le mouvement pensent qu’il est encore possible d’éviter la catastrophe et que la fin du monde n’est pas pour maintenant. Par ailleurs, pour certains, cette idée de danger d’effondrement de la société n’est pas une mauvaise chose. En effet, ils voient cela plutôt d’un œil optimiste, car la peur que provoque ce scénario catastrophe pourrait nous amener à vivre et produire autrement. Vivre de façon plus responsable et par conséquent d’éviter que leur « prédiction » ne se réalise.

D’autre part, les collapsologues ne font pas qu’annoncer un bouleversement imminent, ils travaillent aussi sur des pistes afin de l’éviter.  

Pour les scientifiques la solution serait évidemment de réduire au maximum la pollution, et cela passe par une remise en question de notre manière de consommer et de produire. Ils proposent plusieurs « solutions », comme une évolution des systèmes agricoles, comme développer la permaculture par exemple : une meilleure maîtrise de la démographie, des systèmes d’entraide locaux, ou encore développer massivement les énergies renouvelables comme l’énergie solaire.

Selon eux, il faudrait mettre tout ce qui est en notre pouvoir pour changer les choses : or, leurs pensées souvent extrêmes ne peuvent être favorables sur le plan social ou économique. D’où les controverses à ce sujet.

Une communauté bien présente

Si les discussions sur « faut-il y croire ou non » font rage, certains en sont d’ores et déjà convaincus. De nombreux français ont dès à présent adopté un mode de vie pensé pour survivre en cas d’effondrement de notre civilisation.  

En effet, on retrouve des associations ou groupe de personnes qui ont établi des moyens pour vivre après « l’apocalypse ». C’est le cas de « Triticum », une association qui met en lien « des gens qui ont des terres agricoles et des gens qui veulent cultiver ». Pour l’instant, le collectif produit des semences de céréales anciennes et adaptées au climat à venir. 

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Dans le prolongement de cela, certains réfléchissent déjà très concrètement à ce qui pourrait se passer en cas d’émeutes ou de catastrophes industrielle ou chimique. Entre bunker et stock de nourritures, ils se préparent en conséquence.

Il se dégage parmi eux des « survivalistes » que l’on peut répartir en deux groupes : les « individualistes » et les « solidaires ». Les « individualistes » se préparent à se sauver avec leurs familles contre les autres. Ils pensent que les plus forts doivent sacrifier les plus faibles, et sont prêts à utiliser les armes si nécessaire. Quant aux « solidaires », ils pensent au contraire que seule l’entraide entre les individus et de nouvelles formes de solidarité permettront de s’en sortir.

Des idées qui nous sembleraient sortir tous droit d’un film apocalyptique.

Les collapsologues pendant la covid-19

Même s’ils sont montrés du doigt et souvent moqués, les partisans du mouvement avaient un temps d’avance sur le reste de la population pendant la pandémie. La crise, ils s’y préparaient depuis longtemps, et ça leur a plutôt bien réussi.

D’après plusieurs témoignages, cet isolement a été vécu comme un retour à l’essentiel, une re-connexion aux vrais besoins. Une des membres du mouvement a même qualifié le confinement d’aventure « inédite et formatrice » (selon L’ADN tendance).

Ainsi, effondrement ou pas, la pandémie de Covid-19 était bien une crise. Pour les collapsologues, cela fut surtout le signe, visible de tous, que le monde tel qu’il existe va s’effondrer et qu’il faut dès maintenant s’y préparer.

Même si les collapsologues restent une minorité, ce sentiment que l’avenir est de plus en plus sombre semble, lui, est de plus en plus partagé.

Étudiante en 2ème année de Bachelor Communication à ISCPA | Plus de publications

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