Sorti en mars dernier, « Woman » est l’aboutissement de deux ans de travail acharné. Après « Home » et « Human », le réalisateur Yann Arthus-Bertrand et sa complice, Anastasia Mikova, ont décidé de donner la parole aux femmes dans un documentaire d’une durée d’1h48 min.
Pour réaliser cette œuvre, 2 000 femmes, connues ou inconnues, ont été interviewées, à travers 50 pays différents. Une étude à grande échelle, afin d’avoir le maximum de témoignages de celles qui représentent la moitié de l’humanité.
On y retrouve des femmes de tous les âges et de toutes les couleurs. Chacune d’entre elle prend la parole face caméra, et racontent une anecdote, un moment de vie, une pensée.
Qui sont les réalisateurs ?
Anastasia Mikova est une journaliste et réalisatrice d’origine ukrainienne. Elle est connue pour aborder, et dévoiler au grand jour, des questions sociales et humanistes dans le monde. Elle a notamment travaillée sur des documentaires portant sur des thèmes tels que l’immigration illégale, le trafic d’organes ou encore les mères porteuses.
Yann Arthus-Bertrand, quant à lui, est un réalisateur, globe-trotteur et photographe français. Il se fait connaître du grand public avec son livre « La Terre vue du ciel » et ses films engagés, comme « Home » et « Human ».
Ils travaillent ensemble depuis 12 ans, et c’est d’ailleurs au cours du tournage « Human » (sorti en 2015), soit deux ans avant l’affaire Weinstein, qu’est né le projet « Woman ».

Un besoin de mettre en lumière la condition des femmes dans le monde
Ce documentaire est l’occasion de révéler au grand jour les injustices que subissent les femmes partout dans le monde. Les témoignages sont crus et difficilement soutenables, rappelant que les femmes sont victimes d’une violence exacerbée de par leur genre, peu importe d’où elles viennent.
De même, le documentaire ouvre les yeux des spectateurs sur ce monde où, tout le long de la vie des femmes, les inégalités continuent : mariée de force, privée d’éducation, de droit de vote, ou du simple droit de sortir dans la rue sans être accompagnée d’un homme. Les réalisateurs cherchent à montrer que des millions de femmes subissent leur vie plutôt au lieu de véritablement la choisir.
« Une claque très positive pour beaucoup d’hommes »
D’autre part, ce film a aussi été réalisé pour les hommes. Yann Arthus-Bertrand a d’ailleurs révélé que pour lui, entendre ces femmes a été une prise de conscience. « J’ai compris toutes les épreuves que doit traverser une femme dans sa vie. C’est vrai que je regarde les femmes de ma vie d’une façon différente. J’ai un peu de honte en moi, je n’ai peut-être pas assez respecté les femmes de ma vie. Je ne le dis pas avec fierté », regrette-t-il. Anastasia Mikova espère que, pour les hommes, « ça sera plutôt une porte qui va s’ouvrir sur un monde qu’ils ne connaissent pas. » Anastasia Mikova l’assure : « J’espère que ça sera une claque très positive pour beaucoup d’hommes. »
Ainsi, si la libération de la parole est plus nécessaire que jamais, Woman ajoute une pierre à l’édifice, rappelant au passage que le combat pour les droits des femmes à travers le monde est loin d’être terminé.
De même, les bénéfices du film iront à Women On Media and News School, une ONG qui forme les femmes aux professions liées aux médias, leur permettant ainsi d’être entendues dans le monde entier.

Au-delà de la volonté de dénoncer certaines injustices auxquelles les femmes doivent faire face au cours de leur existence, ce film souligne surtout la force intérieure des femmes et leur capacité à changer le monde, en dépit des multiples difficultés auxquelles elles sont confrontées.
Des histoires et des femmes touchantes
Comme pour « Human », le film est divisé en séquences d’interviews réalisées dans un espace confiné avec un fond noir, et rythmé par des images magnifiques. Une sobriété volontaire, visant à faire éclater la beauté des visages à l’écran.

On se retrouve ainsi avec des portraits de femmes très différentes, allant de la cheffe d’État, à la chauffeuse de bus, en passant par des paysannes travaillant dans des régions reculées.
On a affaire à des femmes de toutes origines, de tous les milieux, de tout âge, de croyances et de cultures différentes, partageant leurs rêves, leurs espoirs, leurs peurs, mais aussi leurs blessures. Elles abordent des sujets tel que le travail, l’éducation, l’émancipation ou encore la maternité. Mais aussi des sujets très intimes, comme leur rapport au corps ou leurs premières règles.
Au fil des témoignages, on relève plusieurs similitudes dans leur parcours, dans leurs histoires, des anecdotes qui nous font rentrer dans leur intimité profonde. Le spectateur rit, pleure et crie avec ces femmes.
On est glacé en écoutant le récit du viol d’une petite fille de 9 ans par des membres de Daesh. Choqué en découvrant le visage brûlé à l’acide d’une femme désemparée face à la violence du geste de son mari. Mais on rigole aussi avec une quinquagénaire lorsqu’elle aborde ses expériences sexuelles. Ou encore, on applaudit l’ambition d’une cadre dirigeante ou l’ascension d’une responsable politique très engagée sur le terrain.
Le film dresse un tableau le plus complet possible de ce que signifie être une femme dans le monde aujourd’hui, montrant à la fois les plus belles, mais aussi les pires choses qui peuvent arriver aux femmes de nos jours.
Un message d’espoir
Dans cette nouvelle ère où les femmes sont de plus en plus entendues, ce film n’a pas seulement pour but de revendiquer des droits ou de se concentrer sur ce qui ne va pas, au contraire, il pousse à trouver des solutions et à essayer de réconcilier les deux sexes.
A travers ces 2000 interviews, Woman nous offre un message d’espoir et d’égalité. Nous ne pouvons qu’être touché par ces femmes qui forcent l’admiration de par leur courage et leur histoire.
Outre la volonté d’ouvrir la discussion sur des sujets encore tabous de nos jours, ce documentaire est une véritable déclaration d’amour aux femmes du monde entier.