Immersion dans un confinement étudiant

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De retour chez mes parents pour passer ce confinement 2.0, par peur de devenir dingue dans mon appartement à Paris, c’est aux côtés de ma petite sœur que je suivrai, pendant le prochain mois et demi, mes cours en distanciel. Puisque nous étions toutes les deux dans le même bateau, mais dans des structures universitaires différentes, j’ai trouvé cela intéressant d’avoir son avis concernant la sienne. Alors voici, la retranscription de notre petite discussion.

Présente toi en quelques mots ?

Alors, je m’appelle Emma, j’ai 20 ans. Je suis étudiante en première année en DUT de chimie à Rouen.

Depuis combien de temps es-tu en cours à distance ?

Ça fait deux mois que, comme tous les étudiants, j’ai fait la découverte des études supérieures sur Zoom. Bien que comme je sois dans une formation technologique, une part de mes enseignements (TP) aient été maintenus. J’ai donc eu la « chance » de me rendre sur site une journée par semaine au mois de novembre. Et maintenant qu’il est l’heure des examens de fin d’année, j’ai ces derniers temps la grande joie de m’y rendre tout les jeudis matins, pour aller plancher. Je ne pensais pas dire ça un jour, mais qu’est ce que je suis contente de gratter des copies doubles à nouveau !

Quel est ton ressenti face aux aménagements faits par ton université pour gérer la crise ?

J’ai la chance d’être en IUT, donc pas à la fac. C’est une petite structure très familiale, où la prise en charge est très individualisée. Nous sommes une promotion d’une centaine d’élèves, repartie en groupe de 14, chaque groupe a un délégué. Au début du nouveau confinement, chaque semaine avait lieu une réunion des délégués, où les élèves pouvaient faire remonter les ressentis aux professeurs encadrants. Cependant, cette bonne résolution n’a duré qu’un temps, et aujourd’hui, au moment où une grande partie d’entre nous peine à s’accrocher, ces réunions et le soutien apportés sont un peu porté disparus, laissant les élèves seuls face à leur difficultés (techniques et scolaires).

Y a-t-il des aspects qui auraient dû être faits différemment ?

Je pense qu’il aurai été pas mal de vraiment maintenir ces rendez-vous, mis au point pour que personne ne se sente « abandonné » ou qu’il laisse tomber face à ses difficultés.

Est-ce que tu sens que l’accompagnement des étudiants face à cette crise est suffisant ?

Le DUT est souvent choisi par les terminales pour le côté scolaire et « maternant ». Alors il est évident que ces élèves qui avaient besoin qu’on les accompagne se retrouvent aujourd’hui face à un déficit d’aide. Cependant, je pense qu’il est important de se rappeler que nous sommes grands et responsables de nos études et notre travail. Confinement ou pas confinement, les professeurs ne peuvent pas faire le travail à notre place. Le confinement ne peut pas être une excuse. Il complique, certes, mais comme nous seront amenés à devoir le faire dans nos vies professionnelles : nous devons nous adapter et savoir faire avec ce dont nous disposons.

Penses-tu qu’il y aura des répercussions sur ta façon de travailler au moment du retour en présentiel ?

C’est une bonne question. Le retour en présentiel me paraît si abstrait que je ne me suis même pas encore autorisée à y penser (rire). Je ne pense pas que ça changera ma manière de travailler. Je pense qu’on a passé trop de temps sur les bancs de l’école pour que quelques mois changent notre manière de travailler. Je serai forcément plus attentive, car évidement devant mon PC, le téléphone posé à côté, l’attention manque parfois (ou souvent). J’imagine que j’apprécierais même d’y aller, et de faire mes 45 minutes de bus quotidiennes pour m’y rendre. Même retrouver mes petits 2002 me fera plaisir !

On sait tous que le côté psychologique des étudiants a été mis à rude épreuve ces dernières semaines, qu’en penses-tu ?

Je pense que la psychologie de tout étudiant en ce moment se résume en trois mots : ras-le-bol. Les conversations dans les groupes de classe se sont transformées en bureau des plaintes, et pas un seul jour ne passe sans que quelqu’un ne parle de démissionner (et le pense sérieusement). C’est particulièrement compliqué pour ceux qui vivent leur première expérience universitaire et sont confrontés à une désillusion importante. Passer nos journées seuls devant nos écrans est extrêmement difficile. Seulement changer de plateforme pour changer de cours est difficile. Il n’y a plus de pauses inter-cours où l’on peut échanger entre nous et aller se promener d’une classe à l’autre, on ne prend plus l’air et le midi souvent se passe comme le reste de la journée : devant l’écran de son ordinateur. J’ai la chance de vivre encore chez mes parents, et donc d’être dans une maison avec la possibilité de changer de pièce pour changer vaguement d’environnement et de voir du monde rentrer le soir. Mais beaucoup de ma classe sont dans des chambres universitaire de 9m2, tournent dedans comme des lions en cages, et sont seuls en permanence.

Selon toi, cette partie du confinement a été oubliée ?

Oui, je pense qu’on est clairement les oubliés, voir les négligés de ce processus de « confinement ». À l’heure actuelle, le pays tourne normalement, seuls les étudiants restent les punis de l’histoire. Ce qui renforce le sentiment d’abandon et crée de la colère. Aucune disposition ni volonté de se mettre à notre place a été émise. Peut être parce qu’auprès de tous, nous sommes la génération Z et ça ne nous dérange pas de ne plus voir nos amis et ne plus sortir tant qu’on peut être greffés à nos ordinateurs !

Cette nouvelle façon de travailler t’aura-t-elle appris quelque chose ?

Je pense qu’il faut toujours tirer du positif des situations (même celles qui nous paraissent les pires), alors je dirais que cela m’a permis de plus facilement participer en cours, sûrement parce que c’est plus simple, protégé derrière un écran, et non sous le regard de ses camarades. De plus les cours sont souvent si peu animés, que si un ou deux d’entre nous ne se dévoue pas pour participer, le professeur se retrouve malheureusement bien seul. Ah oui ! J’ai appris appris à réduire une photo pour l’envoyer par mail aussi. (rire)

Bien que ces réponses soient le reflet de sentiments personnels, elles reflètent surement des sentiments communs à pas mal d’étudiants dans le même cas. En espérant que cela vous fait vous sentir moins seul.e avec vos ressentis.

En attendant de pouvoir retrouver les bancs de l’école en présentiel, prenez soin de vous.

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Etudiante en Bachelor production première année à l'ISCPA Paris.

Passionnée par le monde de l'audiovisuel, plus particulièrement celui des séries. C'est donc vers cet univers que je souhaite m'orienter dans le futur.
Je suis curieuse, ambitieuse et avec une grande soif d'apprendre.

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