Dans une volonté de retour à un objet physique pour écouter de la musique, la K7 audio, star des années 1980 et 1990, semble connaître un regain d’intérêt. En 2016, le vinyle faisait son grand retour avec près de 1,7 millions de 33-tours vendus (selon les chiffres du Syndicat National de l’Edition Phonographique). De manière plus discrète, la « cassette à bande » semble suivre cette voie.
Entre 2015 et 2016, les ventes de cassettes ont connu une progression de 74% puis de 35% en 2017 (selon la Nielsen Media Research). D’autre part, en 2019, les ventes de cassettes avaient augmenté de 18,5% aux États-Unis. Si les pourcentages paraissent impressionnants, les ventes physiques restent dérisoires. En Angleterre, 50 000 cassettes se sont vendues en 2019. Ce qui représente tout de même une augmentation de près de 125%. Et environ 174 000 cassettes audio ont été vendues en 2017, soit 0,17% des ventes d’albums physiques. La K7 audio reste donc un marché marginal dans la grande industrie musicale.
Un retour notamment grâce à Hollywood
Né dans les années 1930 comme un système de stockage, la cassette audio a connu son essor avec la culture populaire notamment grâce au Walkman de Sony. Mais l’arrivée du CD et du digital vient enterrer cette industrie, qui devient rapidement désuète. Pourtant, comme pour le vinyle, la cassette audio pourrait surfer sur cette mode du « vintage des années 80 ».
Films ou séries ont re-popularisé cet objet ces dernières années. Dans le blockbuster américain Guardians of the Galaxy (2014), le héros ne peut se séparer de son Walkman et sa playlist année 1980. Dans la série phénomène Strangers Things (2016), la B.O est quasiment composée uniquement de morceaux « eighties ». Et on aperçoit régulièrement les jeunes héros se baladant avec leur walkman.
D’ailleurs, ces deux blockbusters ont sorti leurs B.O. sur cassette audio et caracolent en tête des ventes depuis. Plus récemment, le biopic Bohemian Rhapsody (2018) a également sorti sur K7 sa bande-originale.

La K7 qui séduit les artistes
De la même manière, certains artistes, séduits par l’aspect vintage et underground de cet objet iconique, éditent de nouveau leurs albums dans ce format. Parmi les plus connus : les Daft Punk, The Weeknd, Arctic Monkeys, Bon Iver ou encore La Fouine en France. Certains re-éditent des morceaux déjà connus en format K7 audio, ce que l’on peut voir comme un goodies. Mais il est de plus en plus fréquent de voir une sortie d’album accompagnée d’une sortie vinyle et K7.

Pour certaines stars connues, on pourrait considérer l’édition d’un album sur une K7 audio comme un caprice. Pourtant, ce système de stockage a toujours eu sa place dans les milieux émergents. La cassette est régulièrement utilisée comme une carte de visite, distribuée à la fin d’un concert ou simplement comme un moyen de communication « bon marché ».
De plus, le fait que l’on ne puisse pas sauter (facilement) de morceaux sur cassette, cela oblige l’auditeur à écouter les chansons de l’album dans l’ordre choisi par l’artiste. La cassette apparait ainsi comme un moyen de mettre en avant un album entier et un projet artistique complet plutôt qu’un single.
Un renouveau du marché
Mais ce qui attire les producteurs comme les consommateurs, c’est évidemment le coût. Pourquoi acheter un album entre 10€ et 20€ sur iTunes alors qu’une cassette en vaut entre 5€ et 8€ ? De la même façon, le coût de fabrication est dérisoire : environ 1,50€ par unité.
Ce nouvel élan autour de cet objet sert également les intérêts d’un marché industriel à l’arrêt depuis 20 ans. L’entreprise française Mulann produit à nouveau des cassettes alors qu’elle avait arrêté la production il y a des années. Aujourd’hui, cette entreprise Normande exporte sa production dans 30 pays dans le monde. Elle est devenue, en quelques années, l’un des leaders de ce marché en étant la seule à produire des cassettes audio en Europe. D’autre part, la jeune entreprise française We Are Rewind a décidé de relancer la fabrication et la commercialisation de Walkman. Pour surfer sur la nostalgie du produit, l’entreprise a conçu un baladeur au look épuré et au design rétro assumé.
Reste que malgré sa progression constante, la cassette audio est un marché de niche, plus vue comme un objet fétichiste, vintage et nostalgique que comme un réel moyen de diffusion. Un véritable retour de la cassette audio ne serait possible que si un travail de qualité sur la bande sonore est fait afin d’obtenir un son de meilleure résolution. La K7 audio pourrait alors, à nouveau, être considérée comme un véritable moyen de diffusion de la musique et un moyen légitime de l’écouter.
Je suis étudiant en Master 1 de Production musicale et audiovisuelle à l'ISCPA - Paris. Je m'intéresse particulièrement à la production musicale mais suis également curieux des autres milieux artistiques (expositions, arts plastiques, littérature...).