Akira Kurosawa et Star Wars

0
1406

Si les parallèles entre le Metropolis de Fritz Lang, Dune, le projet chaotique de Alejandro Jodorowski et la première trilogie Star Wars peuvent paraître évidents, peu de personnes se sont penchées sur l’une des influences majeures de George Lucas : Akira Kurosawa, un des plus brillants réalisateurs japonais.

George Lucas n’a jamais caché son amour pour Akira Kurosawa : il affirme en interview vouer un culte aux 7 samurais, à Yojinbo, et Rashomon. D’ailleurs lorsqu’on y pense, Lucas ne fait que répéter le schéma narratif des films de Kurosawa, mais dans un contexte de science-fiction pure et dure.

Le célèbre réalisateur japonais Akira Kurosawa.

En effet, si l’on part du principe que la trilogie de Lucas repose principalement sur l’ascension des personnages, suivie de leur descente aux enfers, il en est de même pour le cinéma du réalisateur japonais. Chez Lucas, l’ascension est représentée par le premier opus, véritable morceau de bravoure et d’aventure, le film montre comment de jeunes protagonistes deviennent des héros de la galaxie. Dès le deuxième opus, les personnages sont plongés dans un univers plus hostile, sombre et sans espoir : c’est la représentation d’une réelle chute brutale.

Concernant les personnages, on retrouve dans les deux œuvres des cinéastes, des personnages secondaires chargés de la dimension humoristique (C3PO et R2D2 comparables au duo de La Forteresse Cachée), un antagoniste prenant souvent la forme d’un empire autoritaire, la figure de la princesse caractérielle, mais également de nombreuses figures paternelles destinées à guider le héros dans sa quête.

Deux duos comiques : l’un constitué de chair et d’os (La Forteresse Cachée), l’autre de taule et de petits fils de couleurs (Star Wars).

On ne peut s’empêcher de penser que les Jedi sont les descendants directs des samurais, chacun étant défenseur d’une spiritualité ancestrale et de puissants combattants. Si les samurais sont connus pour leur dextérité lors de combat au katana, les Jedi, eux, manient le sabre laser. De plus, le bushido, code des principes moraux que les guerriers japonais étaient tenus de respecter, est un concept repris par George Lucas lorsqu’il intègre le Code Jedi dans ses films. Rien n’est laissé au hasard par le réalisateur américain, même le masque de Vader fait référence aux kabutos des samurais de l’époque. Enfin, comme dans Dersu Uzala, sorti en 1975, dans L’Empire contre-attaque, la relation maître-élève tient un rôle fondamentale dans la transmission du savoir et de la Force.

A droite un casque de samurai, à gauche le casque culte de Vader.

L’empreinte des scènes forestières des films de Akira Kurosawa est très présente, que ce soit dans les scènes mythiques entre Yoda et Luke sur Dagobah, qui pourrait s’apparenter, de part sa thématique, au film Chien enragé, ou encore les scènes de landspeaders, comparables aux chevaux de La Forteresse Cachée. Et comme dans Desru Uzula, dans lequel Dersu pointe le soleil à Vladimir, chez Lucas, Yoda montre la force à Luke dans l’Empire contre-attaque.

Tatooine en haut et le paysage onirique de Dersu Uzala en bas.

Sur le plan thématique, même si Lucas ne l’a pas vraiment exploité au cours de sa trilogie originelle, la question de la pauvreté, de l’esclavage ou de l’impossibilité de se tirer d’un milieu social pernicieux, que l’on sait chère à Kurosawa, comme par exemple dans Les Bas-fonds, reste assez présente hors champ. L’humilité des tenues de Luke, les trocs de matières premières qui permettent de survivre, ainsi que l’agonie palpable de Tatooine, en sont de parfaits exemples.

Il existe encore de nombreuses comparaisons à faire entre l’univers de Akira Kurosawa et celui de George Lucas, mais il est intéressant de lancer des pistes et redécouvrir ses films sous un nouvel œil.

Ici, un comparatif entre la saga Star Wars et La Forteresse Cachée
Plus de publications

Je suis étudiant en 2ème année de production à l'ISCPA.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici