À bien des égards, le rappeur, homme d’affaires et producteur Kanye West déchaîne les passions. Après plusieurs sorties médiatiques hasardeuses, souvent maladroites voire complétement délirantes, des voix se lèvent et remettent en cause le statut d’icône du rappeur. Alors Kanye West est-il vraiment celui qu’il laisse paraître ? Quelle est vraiment son histoire ?
Retour sur la carrière de producteur semée d’embûches de celui que l’on surnommait encore récemment « Yeezus ».
Une âme d’artiste
Kanye naît aux Etats-Unis de parents Afro-américains dans la ville d’Atlanta en Géorgie, de laquelle il déménagera très tôt après la séparation de ses parents, pour aller vivre à Chicago dans l’Illinois. Son père, photographe et ancien membre des Black Panthers, ne voit son fils que pendant les vacances d’été, étant resté vivre à Atlanta. Sa mère, enseignante et issue de la classe moyenne américaine, ne manque de rien. C’est dans ce contexte que le jeune Kanye, destiné à des études d’art, s’imagine faire carrière dans le monde du jeu vidéo en tant que graphiste. Talentueux, il dessine et remporte plusieurs prix pour ses œuvres. Mais en parallèle, une autre passion l’anime : le Hip-Hop.
Sur l’ordinateur qu’il utilisait pour dessiner, se trouve un programme permettant de composer et éditer de la musique. De plus en plus, Kanye passe du temps à faire de la musique, au détriment de ses études d’art. Kanye n’a plus qu’une idée en tête, se procurer un sampler (instrument capable d’enregistrer des sons et de les reproduire), et se mettre à composer sérieusement. À 15 ans seulement, il travaille d’arrache-pied pour mettre assez d’argent de côté afin d’acheter la machine de ses rêves. Après son acquisition, il consacre tout son temps libre à créer des instrumentales (ou beats) à destination de la scène Hip-Hop de Chicago alors en plein essor. Il vend beaucoup d’instrumentales à bas prix, se faisant connaître petit à petit dans son quartier puis, dans sa ville entière.

C’est alors qu’il rencontre par l’intermédiaire de sa mère celui qui deviendra son mentor: le DJ No I.D.
L’ascension fulgurante
Considéré comme le plus grand producteur de Chicago à l’époque, No I.D. apprend toutes les ficelles du métier à Kanye : sampler, découper et restructurer, le mixage… la qualité des productions de Kanye interpelle, Mais Kanye est plus ambitieux. En plus de son travail de composition, il s’essaye au rap, peaufine ses rimes et entraîne son flow. Sa légitimité en tant que producteur lui permet alors de se produire en tant que rappeur dans la légendaire salle Double Door, scène mythique de Chicago. À seulement 19 ans, ses nombreuses performances lui valent de se faire remarquer par Michael Mauldin, alors déjà producteur chez Columbia. Lors de leur rencontre, Kanye se montre trop ambitieux et n’obtient aucun contrat. Néanmoins, il ne se démonte pas : il s’enferme chez lui et compose sans s’arrêter. Kanye, à la réputation toujours grandissante, finit par rencontrer le rappeur D-Dot, alors sur le label Bad Boy Records fondé par nul autre que Puff Daddy. D-Dot est impressionné par la détermination du jeune Kanye, et l’engage dans son équipe de producteurs dans son studio de New-York. Après un grand succès sur l’album de D-Dot, Kanye rencontre beaucoup de stars de la scène New-Yorkaise et se met à produire pour eux.
Kanye produit alors des morceaux, notamment sur l’album de Jermaine Dupri, lui permettant de rencontrer NAS par la même occasion, puis sur le titre My Life de Foxy Brown, et sur l’album de son ancien employeur D-Dot, dans un titre en featuring avec un jeune rappeur inconnu du nom de… Eminem.
Ainsi, à l’aube des années 2000, Kanye est contacté par le label Rock-A-Fella, fondé entre autres par Jay-Z, ce qui marquera un tournant important dans sa carrière. Le producteur participe alors à la création de l’album The Dynasty de Jay-Z, qui rencontrera un grand succès à la fois critique et commercial, étant même numéro 1 des charts la semaine de sa sortie; Fort de ce succès, et appréciant énormément les instrumentales de Kanye, Jay-Z décide de refaire appel au jeune producteur afin de produire d’autres musiques de son album The Blueprint. L’album fait l’effet d’une bombe, se classant instantanément premier des charts Billboard durablement. Il est toujours d’ailleurs considéré comme un des albums les plus mythiques du rap américain, notamment en raison de la qualité de sa production. Kanye est aux anges, mais sa carrière ne fait, en réalité, que de débuter.
Star System
Kanye est cependant toujours à la recherche d’une autre chose : la reconnaissance. Il ne se voit pas finir sa carrière dans un studio mais bien sous les feux de la rampe, dans le premier rôle, en tant que rappeur.

De cet état de fait, Kanye sortira tout d’abord une mixtape assez confidentielle du nom de Prerequisite (en français, pré-requis), comme pour préfigurer son destin aux yeux du monde. Cependant, les titres de cette mixtape ne convainquent pas les maisons de disque. Cela n’empêche pas Kanye, fort du prestige engendré par l’album The Blueprint de Jay-Z, de multiplier les rencontres artistiques, croisant ainsi la route d’un certain John Legend. Artiste Soul alors encore méconnu, il produit l’intégralité de son album Get Lifted en 2001. En 2002, Kanye signe enfin son contrat d’artiste chez Rock-A-Fella, signifiant par la même occasion le début de sa carrière de rappeur, et la production de son premier album The College Dropout en 2004.
Comme nos amis outre-Atlantique aiment dire : the rest is history. Si les déboires récents du rappeur américain ont changé la vision de nombreuses personnes vis-à-vis de sa légitimité, il n’en reste pas moins un des piliers du rap américain à bien des égards.
Sa carrière de producteur n’a jamais été mise de côté pour autant, ayant produit de nombreux titres de ses propres albums ainsi que d’artistes du label qu’il a fondé : G.O.O.D. Music records.
Étudiant en production. Passionné de musique et de tout ce qui s'y rapporte.