Mouvement musical, mais pas que. House music, mais pas que… La French Touch a, à bien des égards, marqué les esprits de nombreux amateurs d’électro à l’échelle mondiale. De Bob Sinclar à Air, de Daft Punk à Justice, mais comment est né un des plus grands courants musicaux électro de la fin du XXème siècle ?
Retour sur le début d’une saga légendaire jalonnée d’artistes et de groupes pour le moins tout aussi légendaires.
French Connection
À la fin des années 1980, l’interdiction des rave party et des free parties en Angleterre par le gouvernement Thatcher pousse de nombreux anglais à organiser ces fêtes aux ambiances techno en France. Au même moment, s’organise au Palace une soirée qui va changer beaucoup de choses pour l’électro française par un effet domino ahurissant. Laurent Garnier, alors âgé de 22 ans, reçoit un message d’un ami anglais, l’invitant à cette fameuse soirée qu’il appelle « Pyramid ». Garnier mixe alors de cinq à six heures du matin, mais réussit à garder les gens sur la piste, impressionnant au passage l’organisateur de la soirée, qui lui offre la résidence au Palace pour les ouvertures et fermetures. En mixant les classiques de la house de Chicago et de Détroit, Garnier s’impose rapidement comme une référence en matière de DJs parisiens.
Les autres DJs de la scène parisienne ne sont pas en reste pour autant. Erik Rug mixant à l’H3O, Etienne de Crécy et Phillipe Zdar viennent bientôt s’ajouter à une liste de noms de producteurs et DJs légendaires. Et tout ça, à l’aube d’une nouvelle décennie, qui elle, va changer beaucoup plus radicalement le paysage électro français.
Explosion
En 1990, Bob Sinclar et DJ yellow fondent Yellow productions, premier label français de la vague French Touch. Le label obtient très vite un succès international, poussant ces artistes à s’exporter pour jouer aux Etats-Unis ou encore au Japon. Néanmoins, les majors ne croient toujours pas l’essor de cette nouvelle vague pourtant déjà bien présente. Les critiques anglais restent dithyrambiques au sortir de l’Eurostar : le mouvement prend de plus en plus d’ampleur. On voit alors apparaître des artistes comme Air ou Dj Cam, et les disquaires s’arrachent déjà les premiers maxis de ces groupes. C’est également à cette époque que Daft Punk commencent à travailler sur leurs premiers titres.
Flash-forward vers 1995, où les cinq dernières années ont permis à encore plus de groupes d’émerger et à la French Touch de gagner en réputation à l’international. Les albums Boulevard de Saint-Germain ou Pansoul de Motorbass connaissent un grand succès international. Cependant, en 1997, c’est bel et bien Homework des Daft Punk qui va conduire à la consécration: un nouveau genre (ou presque) est né, et les majors commencent à sérieusement s’intéresser au microcosme de l’électro française, tant adulée de la presse spécialisée Anglaise.
Super Discount !
La French Touch est certes née, mais cela veut-il dire pour autant que ce nom englobe un genre musical uniforme et distinguable ?
Absolument pas. La French Touch n’est alors (et est toujours) que le nom attribué aux différentes productions électroniques françaises arrivant à se faire un nom à l’étranger. Néanmoins, une chose est certaine, l’héritage spirituel laissé par le sillage des artistes ayant obtenu ce sobriquet dans les années 1990 est énorme.
Etienne de Crécy regroupe la fine fleur de l’électro française du début des années 1990 dans une compilation qu’il appellera Super Discount, élue meilleure compilation de l’année 1997 par les lecteurs du feu magazine britannique Muzik. Cependant, ce n’est qu’un début pour la French Touch, qui n’en n’est encore qu’à ses balbutiements. Le succès énorme des Daft Punk ouvrira le sillage à une génération entière de DJs et de producteurs qui exporteront tout aussi habilement, encore de nos jours, l’électro française à l’international.
Étudiant en production. Passionné de musique et de tout ce qui s'y rapporte.